La légende de Notre-Dame des Anges est ainsi rapportée dans
le Siècle du 15 septembre 1858:
"Jadis, dit la légende du lieu, au temps ou nul n'osait traverser la forêt de Bondy sans avoir fait son testament, trois riches marchands, qui se rendaient à Paris pour leur commerce, sont arrêtés non loin de là par des voleurs qui, après les avoir entraînés au plus épais du bois, les dévalisent, les garrottent chacun contre un arbre et les abandonnent ensuite.
Et cet abandon était, de la part de ces bandits, un raffinement de cruauté. C'était condamner leurs victimes à mourir de besoin car, personne ne s'avisant de pénétrer dans ces lieux redoutés, il était certain qu'on ne viendrait pas les délivrer; et ce qui devait ajouter encore aux horreurs de ces malheureux, c'est qu'on les avait attachés au bord d'un limpide ruisseau, dont la vue devait aiguillonner leur soif.
En pareille situation, deux des pauvres captifs se mirent à se désespérer et à gémir; mais le troisième, se souvenant que c'était ce jour là anniversaire de la Nativité de la Vierge (8 septembre), se mit à implorer son assistance et à prier avec ferveur. Aussitôt, dit toujours la chronique sacrée, le ciel s'entr'ouvre; un céleste messager, visible seulement pour le pieux voyageur, descend, brise ses liens, puis remonte à tire-d'aile au séjour des Heureux.
Nous laissons à penser quelle fut la surprise, l'ivresse des deux autres, quand, au beau milieu de leurs lamentations, ils virent tout à coup leur compagnon d'infortune qui, débarrassé de ses entraves, vint les délivrer à leur tour; et leur étonnement se changea en religieuse gratitude quand ils apprirent à quelle intercession ils étaient redevables de leur liberté; aussi firent-ils voeu de construire près du ruisseau une chapelle dédiée à la reine des anges, et ce voeu fut fidèlement accompli.
Depuis lors, chaque année, à pareille époque, le sylvestre oratoire fut visité par les habitants des environs, qui avaient eu connaissance du miracle; mais un beau jour, un des visiteurs, ayant par hasard découvert que l'eau du ruisseau possédait de très grandes vertus curatives, la nouvelle ne tarda pas à s'en répandre au loin: les malades accoururent de toutes parts, et le pélerinage acquit bientôt une immense célébrité."
Par une bulle datée du 4 des calendes de février 1211, Innocent III autorisa Eudes, évêque de Paris, à réunir à l'abbaye de Livry le petit ermitage qui fut érigé en prieuré conventuel et desservi jusqu'à la révolution par quatre moines de l'ordre de Saint-Augustin.
Ce pélerinage appelé
la neuvaine se perpétue aujourd'hui, et a encore réuni près de 2.000 personnes en 2003. C'est le second plus ancien pélerinage de France après celui de Notre-Dame-de-Liesse.